La précarité énergétique estivale, une nouvelle forme de mal-logement
Le mal-logement est généralement associé à la période hivernale, où des millions de ménages souffrent du froid chaque année dans leurs logements. Les problématiques liées aux passoires thermiques ont d’ailleurs suscité de vives discussions ces derniers mois.
Cependant, une étude récente de la Fondation Abbé Pierre, publiée le lundi 26 juin, met en lumière l’émergence d’une nouvelle forme de mal-logement : la précarité énergétique estivale.
Chez GESTIA Solidaire, le mal-logement est un sujet qui est quotidiennement au cœur de nos préoccupations. C’est pourquoi, nous avons rédigé un article spécialement consacré à cette étude, afin de sensibiliser davantage sur cette problématique.
De la passoire thermique à la bouilloire énergétique
« Les 5,2 millions de passoires thermiques impossibles à chauffer en hiver se transforment en bouilloires énergétiques impossibles à refroidir en été » révèle la Fondation Abbé Pierre dans son étude.
Cette situation est aggravée par le réchauffement climatique et la hausse récurrente des températures, rendant ces logements rapidement invivables pendant la période estivale.
Les ménages les plus vulnérables sont directement les plus touchés par cette nouvelle forme de mal-logement. Ils se retrouvent ainsi confrontés à des conditions de chaleur insupportables au sein de leur propre foyer.
Pour appuyer ces propos, l’étude affirme qu’en 2022, près de 60% des ménages ont souffert de la chaleur dans leur logement, soit l’équivalent de 8 points de plus en 2 ans. De plus, 69 % des Français déclaraient en juin 2022 souffrir des températures trop élevées en période de forte chaleur dans leur logement.
Des inégalités face à la chaleur estivale
Cette étude met également en évidence une inégalité face à la chaleur et à ce phénomène. Ainsi, les personnes les plus vulnérables telles que les personnes âgées, les jeunes, et les habitants des quartiers populaires sont les plus touchées. Cela s’explique par le fait que ces populations sont particulièrement exposées aux îlots de chaleur urbains, généralement peu végétalisés.
En outre, il est observé que les ménages les plus modestes ont souvent tendance à occuper des logements moins bien isolés, moins bien ventilés, et surexposés au soleil. De plus, il est fréquent que ces habitations ne disposent pas de volets, aggravant ainsi les ressentis de la chaleur au sein des logements.
Les limites du recours à la climatisation
Face à la chaleur étouffante, la fondation met en garde contre le recours des ménages à la climatisation, parfois coûteuse et bon marché. Il est important de souligner que cela peut avoir des conséquences néfastes sur leur santé. En effet, elle peut par exemple entrainer des problèmes de circulation sanguine, une aggravation de pathologies, une déshydratation ou encore des perturbations du sommeil.
Il faut rappeler que l’utilisation de la climatisation contribue de manière significative à la pollution et à l’aggravation du réchauffement climatique, renforçant ainsi le phénomène de précarité énergétique d’été.
La nécessité de prendre des mesures concrètes
La Fondation Abbé Pierre préconise plusieurs recommandations. Selon cette dernière, la mise en place de mesures simples peut entrainer une baisse significative de la température intérieure. Par exemple, l’utilisation de protections solaires peut réduire la température de 2°C à 5°C. La peinture des toits en blanc, quant à elle, peut engendrer une baisse de 6°C à 7°C. De plus, la végétalisation des villes et des logements peut permettre une diminution de la température de 10°C.
Pour finir, l’ONG appelle les autorités et les propriétaires à prendre des mesures concrètes en équipant les bâtiments de ces solutions et en les rendant éligibles aux aides de l’ANAH. Cela permettrait de protéger toutes ces personnes victimes de précarité énergétique.
Il est urgent d’agir selon Christophe Robert, le Délégué général de la Fondation. En effet, il rappelle que l’été 2022 a été marqué par une hausse dramatique de la mortalité avec plus de 2 800 décès supplémentaires lors des épisodes caniculaires.
[…] Il rappelait d’ailleurs comment ces crises pouvaient être liées entre elles, comme la précarité énergétique mise en avant dans le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre. […]